Les premiers pas de l’aviation à Anglet

Au début du siècle dernier, les avions décollaient de la Chambre d’Amour et de Blancpignon. À bord de leurs drôles de machines, d’audacieux pilotes s’envolaient pour Bilbao, Santander, Bordeaux ou Paris.
A la Chambre d’Amour, les pilotes disposaient de 3, 5 km devant eux, sans obstacle gênant, hormis les dunes à l’Est. Sans les performances de manœuvrabilité des avions de l’époque, le projet n’aurait pas abouti. Très légers et à faible charge alaire, les avions pouvaient alors se contenter de petits terrains carrés, rendant toujours possible le décollage face au vent. Pourvu aussi que le sol soit à peu près plat et que les roues des appareils, plutôt étroites, ne s’y enfoncent pas.
Georges Guynemer, futur as de la première guerre mondiale, ne perd pas une miette du spectacle. La première guerre mondiale éclate. Le terrain de la Chambre d’Amour sert d’escale aux navigations des aviateurs de l’école de Pau. Un jour, au-dessus de l’aérodrome, le moteur d’un avion a des ratés. Il perd de l’altitude. Non sans encombres, il finit par se poser. Georges, fasciné, court au-devant de l’avion. C’est décidé, il sera aviateur.
Dès le 22 novembre 1914, il se rend à l’école d’aviation de Pau. Trois ans plus tard, il est le célèbre capitaine de l’escadrille des Cigognes aux cinquante-trois victoires et à qui l’école de l’Air doit sa devise, “Faire face”.

Des hydravions à Blancpignon

À l’hydrobase de Blancpignon : un Tellier-Levy 3 de la compagnie franco-Bilbaïne, destiné au transport des touristes (coll. municipale)
La paix revenue, la Société anonyme des Transports Aéronautiques du Sud-Ouest (STASO), financée notamment par les casinos de Biarritz, propose des vols à la demande pour leur clientèle et espère instaurer une ligne régulière vers Bordeaux et Bilbao.

À l’été 1919, une centaine de passagers embarquent à la Chambre d’Amour. Des débuts prometteurs mais, faute de financements, la STASO s’éteint. Elle renaît de ses cendres l’année suivante sous le nom de Compagnie Franco-Bilbaïne de Transports Aéronautiques. Son ambition est d’établir des liaisons régulières vers Bordeaux et même Londres, dans l’espoir de drainer la riche clientèle anglaise, mais aussi vers Bilbao, Santander et Lisbonne. Sans oublier des vols touristiques le long de la côte. Des vols assurés aussi en hydravions provenant des surplus militaires. Un exploit, compte tenu de l’état de ces appareils. Ils ne décollent pas de la Chambre d’Amour mais de l’hydrobase de Blancpignon.
En effet, sur les bords de l’Adour, un centre d’aviation maritime était opérationnel dès 1917. Une quinzaine d’appareils volent pour la Compagnie Franco-Bilbaïne. Rudimentaires mais bien adaptés au transport de fret et de courrier, ils sont des plus inconfortables. Nul doute que la recherche de sensations fortes l’emporte sur l’attrait touristique pour les passagers. Fin 1921, la Compagnie, lâchée par ses actionnaires, met la clé sous la porte.
L’année suivante, les négociations entamées dès 1919 avec la famille Etchecopar sur l’acquisition des terrains de Parme aboutissent. L’aérodrome de la Chambre d’Amour et l’hydrobase de Blancpignon ferment. Malgré de timides débuts, Parme ne tarde pas à prendre son envol. En avril 1928, Latécoère ouvre une ligne saisonnière Paris-Bordeaux-Parme, plus tard prolongée jusqu’à Madrid. Le rêve de 1908 se réalise.